Les chaînes qui m’entravaient
Et me gardaient prisonnier
M’emmuraient d’acier épais
Et j’ai tant et tant lutté
Que j’en ai presque oublié
Le goût de la liberté
Sans cesse autour m’étouffant
D’impossibles sables mouvants
Et le murmure envoûtant
De ces diables charlatans
Qui allaient me nourrissant
De leur mensonges dégoutants
Bête à multiple visage
Qui laissa dans son sillage
Des traces de mon naufrage
Elle en a fait des ravages
M’inspirant l’envie sauvage
De sortir de l’esclavage
Ô elle m’avait avalé
Digéré puis recraché
Me laissant là épuisé,
Blessé, presque mort né
Les entrailles déchirées
Tant que j’ai cru en crever
Mais rien qu’une main tendue
Et je m’y serais pendue
Comme j’ai pu j’ai survécu
Même déchu, tout tordu
Dans l’espoir d’un jour de plus
Pour inventer mes débuts
Du fond du cafarnaum
J’ai reconnu les symptomes
Que cachaient mes hématomes
Alors d’homme face à fantôme
J’ai affronté les idioms
Qui me rongaient les atomes
Mais vivre ou du moins partir
Pour le meilleur et le pire
C’est toujours mieux que croupir
Mort sous le poids des soupirs
Car libre enfin de grandir
Il reste tout à bâtir
J’ai bien cru abandonné
Quand tant de fois torpillé
À mon état d’exilé
On m’a souvent ramené.
Même brisé, méprisé
Je ne pouvais abdiquer
Mais une douleur qui pleure
Même juste à l’intérieur
Ça laisse des bleus au cœur
Alors te reste la peur
La noirceur et les rancoeurs
Qui entache ta candeur
Gisant et agonisant
Alors que tournaient les vents
Tout hésitant et tremblant
Je suis sorti du néant
Ivre du grand sentiment
D’être finalement, vivant.