Il a la voix qui gronde

I

Il a la voix qui gronde,
Bruit immonde,
Alors tremblent ses murs
Et se fend son armure.
Ses fondations s’effondrent
À dix mètres à la ronde.

Sous le coup des cris,
La peur se liquéfie,
Envahissant des yeux
En d’autres temps moelleux.
Malgré la volonté
Sa force a déserté
Contre ce regard noir,
Entachant sa mémoire
D’une encre indélébile
Souillant son corps juvénile.

Bataille déjà perdue
Sans avoir combattu
Enfant contre géant
L’innocent et l’aboyant.
Il s’écrase minuscule
Contre rage en majuscule.
Sa naïveté candide
Envahie par le vide.

Cette colère qui s’étale
Ses couleurs qui s’écaillent
Des entailles profondes
Dans son cœur de colombe,
Boursouflures de douleurs
En pleurs à l’intérieur.

Il a ce pouvoir-là,
Quelques abracadabras
Rien que des mots,
Des mots de trop,
Des mots qui claquent,
À la saveur démoniaque
Des coups de tonnerre
Qui le mettent à terre.

En guise de caresses,
Une verve qui agresse
Plus acérée qu’une épée
Sur sa peau habituée.
Dans son cœur sans pudeur
Plus de trace de candeur,
L’abrasive violence
A ratissé l’enfance.

Le calme comme étau
L’enserrera bientôt
Une pauvre vengeance
Aux allures de sentence.
Ses sourires polissons,
Devenus contrefaçon,
Serviront de cuirasse
Pour cacher ses grimaces.

Bientôt les écorchures
Deviendront sa torture
Un froid qui brûle,
Persistante pustule,
Putréfiant son cœur innocent,
Terrassant en lui l’enfant
À l’amour autrefois débordant.

L’inconscience qui s’efface
Laisse derrière des traces
Traînées de sang sans pigments
Supplice transparent
D’une blessure invisible
À flanc de fissure indicible.

Sa madeleine de Proust,
La saillie qui le rouste,
Cette tempête qui sévit
Dans un cercle infini
N’en finit de le suivre
Et de lui faire revivre
Ce cauchemar de mioche
Auquel il se raccroche.

Emmêlé dans ses gènes,
Un poison qui l’entraine,
Une horreur qui l’abîme,
Des envies qui patinent,
À jamais prisonnier
D’un destin insensé.

Il a la voix qui gronde,
Bruit immonde
Il voulait oublier
Le voilà condamné
À voir resurgir
Du fond de ses souvenirs
Les mœurs toujours en fuite
Du démon qui l’habite.

À propos de l'auteur

Papillon

Si tu ne l’avais pas encore compris, j’adore les mots, les gros comme les petits, les mots solitaires et les longues phrases sans ponctuation. Les mots qui riment et ceux qui sonnent faux. Sur ces pages, mes mots se rencontrent. Ils se font une fiesta, avec moi et parfois même sans moi. Peut-être que tu les adoreras, peut-être que tu les détesteras. Dans tous les cas, merci d’être là.

Section commérages

Papillon

Si tu ne l’avais pas encore compris, j’adore les mots, les gros comme les petits, les mots solitaires et les longues phrases sans ponctuation. Les mots qui riment et ceux qui sonnent faux. Sur ces pages, mes mots se rencontrent. Ils se font une fiesta, avec moi et parfois même sans moi. Peut-être que tu les adoreras, peut-être que tu les détesteras. Dans tous les cas, merci d’être là.

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