Génération C

G

Je fais partie de la génération C
C pour Communication
Dans un monde fait d’abréviations
Qui ne connait pas de limitation
C pour collaboration
Dans une communauté où la socialisation
Se fait par approximations
C pour connexion
Prisonniers d’une toile dont les ramifications
Sont synonymes d’aliénation
Enfin C pour Créativité
Bien que la productivité
Prenne souvent le pas sur notre humanité.

Tu « swapes », tu « like », tu zappes
Sans même sortir de ton canap’
Tu vois la vie à travers un filtre Instagram
Aussi plate que ton encéphalogramme
Mais dis-moi, c’était quand la dernière fois
Que tu as pris quelqu’un dans tes bras ?

Avec toute cette technologie,
Est-ce qu’on en n’oublierait pas la vraie vie ?
On aime plus que par « emoji »
Et nos passions s’effacent aussi vite qu’un Snap
Mais, en vrai, on est même plus cap
D’aimer pour de vrai,
De partager, de rencontrer.

Quand la connexion remplace la conversation
Quand une illusion de communication
Remplace le face-à-face, le cœur-à-cœur
Et finalement nous laisse tous plein d’aigreur,

Est-ce qu’il est possible
Qu’on soit tous tellement accessibles
Qu’on finisse par en devenir insensible ?
Est-ce qu’à force d’être connectés
On ne finit par être hors de portée ?

Nos vies sont pleines de gens
Qui ne sont que des figurants
Des amis virtuels,
Prisonnier d’un monde immatériel.

On ne sait plus que commenter des statuts
Et reporter des abus
Pour une phrase trop engagée,
Pour une photo qui vient troubler
Notre monde aseptisé.

On résume nos existences en 140 caractères
Mais ce qu’il se passe derrière
Finalement ne nous intéresse guère.
On rêve nos vies en filigrane
À l’abri de notre fil Instagram.

Un moment qui n’est ni capturé
Ni Partagé, retweeté ou aimé
Devient dépourvu d’intérêt
On préfère insulter, s’insurger ou aimer
Bien caché derrière un écran pixélisé.

Dans ce monde de faits divers,
Je te demande à cœur ouvert,
Si je te partage mon univers
Est-ce que tu voudras l’entendre ?
Si je dévoile tous mes mystères,
Essaieras-tu de les comprendre ?
Quand la noirceur de mes heures
Viendra gâcher ton bonheur,
Est-ce que tu seras à la hauteur ?
Ou bien préfèreras-tu partager tes humeurs
Sur Twitter ?

Quand tu mesures ta valeur
Avec ton nombre de « followers »
Et que tes rêves de succès
Sont associés à ta quantité d’abonnés,
Qu’advient-il de moi, qu’advient-il de toi ?
Notre unicité nous rendrait-elle inadéquat ?
Sommes-nous condamnés à n’être que des numéros,
Dommages collatéraux
D’un monde qui va crescendo ?

Sans passer pour réfractaire ou réactionnaire
Nos destinés
Peuvent-elle aller au-delà d’un fil d’actualité ?
Peut-on laisser l’extraordinaire
Déborder de nos 140 caractères ?

Est-ce que c’est pathétique
De vouloir aimer sans filtre ?
Est-ce que c’est naïf
De croire qu’on peut rire sans « gif » ?

Si on se risquait à débrancher
Le temps d’une soirée pour se retrouver
Qu’est-ce qu’on pourrait bien rater ?
Un dernier plat avalé, quelques photos retouchées,
L’attrait d’une vie fait d’utopie, de fourberie et de tromperie ?

Et si finalement c’était le prix à payer
Pour gagner
Une amitié pour de vrai
Ou une nuit d’intimité dans des draps sans identité ?
Est-ce que tu signerais ?

Les visionnaires qui ont réinventé le monde d’hier
Envisageaient surement une ère
Où l’univers ne serait plus jamais un mystère.
Une renaissance durant laquelle la connaissance
Serait au bout de nos phalanges
Ou notre uni-valence
Deviendrait la quintessence
De notre insolence
Où l’effervescence
D’un monde d’omniscience
Viendrait combler nos défaillances.

Ce qu’on décide de faire
De ce monde binaire
Est une question planétaire,
Qui va bien au-delà de nos petits univers.
Nous sommes ceux qui demain
Auront le monde à portée de main
Choisirons-nous de rester humain ?
Ou notre volonté anesthésiée
Laissera-t-elle la connectivité
Nous défaire de notre humanité ?

Je fais partie de la génération C
Et si tu ne sais pas ce que c’est,
Wikipédia, lui le saura

À propos de l'auteur

Papillon

Si tu ne l’avais pas encore compris, j’adore les mots, les gros comme les petits, les mots solitaires et les longues phrases sans ponctuation. Les mots qui riment et ceux qui sonnent faux. Sur ces pages, mes mots se rencontrent. Ils se font une fiesta, avec moi et parfois même sans moi. Peut-être que tu les adoreras, peut-être que tu les détesteras. Dans tous les cas, merci d’être là.

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Papillon

Si tu ne l’avais pas encore compris, j’adore les mots, les gros comme les petits, les mots solitaires et les longues phrases sans ponctuation. Les mots qui riment et ceux qui sonnent faux. Sur ces pages, mes mots se rencontrent. Ils se font une fiesta, avec moi et parfois même sans moi. Peut-être que tu les adoreras, peut-être que tu les détesteras. Dans tous les cas, merci d’être là.

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